lundi 22 juillet 2013

Cette semaine de beau temps m'a donc permis de faire quelques images.
La faune locale profite aussi de cette douceur et se laisser photographier en lézardant au soleil.
Voici d'ailleurs un joli spécimen de lézard un peu surpris de s'être laissé attrapé si facilement.
Mais tous les animaux ne sont pas si tranquille. Certaines espèces sont même dangereuses. Ce scorpion que j'ai trouvé sous un pavé à coté de mon chalet est sans doute mortel. C'est ce que j'ai voulu vérifier et i
l est bien mort, écrasé sous mon talon. Un peu trop près de ma couche pour le laisser là ou il était; on ne peut laisser deux scorpions sous le même toit.

Il faut être prudent dans ces contrées sinon on fini vite en tas d'os..
Quelques chèvres paissent en liberté sur les pentes des collines avoisinantes et je profite aussi de ce beau temps pour jouer au cow-boy chilien et faire de belles ballades en compagnie de Nanou l'ânesse.
Enfin, pour l'instant c'est surtout elle qui me ballade car je dois avouer ne pas avoir trop d'autorité avec elle. Mais je réussis tout de même après plusieurs tentatives à la maîtriser pour immortaliser cet instant. La faire s'arrêter plein cadre ne s'est pas révélé des plus facile.
Un petit air de vacances donc à La Canellia, mais les choses tournent vite ici. C'est quand même l'hiver et en deux jours de temps, la température à chuté de 20°C et les gelés nocturnes sont revenues avec le mauvais temps. Il est même tombé quelques flocons qui habillent les sommets alentours d'une couverture blanche.
L'autoguidage étant réglé, je peux maintenant m'attaquer à des objets un peu plus ardus. NGC6357 est une nébuleuse située dans la constellation du Scorpion à environ 8000 a-l. Dans cette nébuleuse diffuse se trouve l'amas ouvert Pismis 24 qui comporte des étoiles géantes bleues parmi les plus massives de la galaxie. En particulier Pismis 24-1, la grosse étoile au centre de l'image, qui a une masse estimée à 100 fois celle du Soleil et brille 4millions de fois plus que lui.


La photo résulte du montage de 10x300 secondes en luminance et de 1x600 secondes en RVB en binning 1.


Direction maintenant 'vers l'infini et au delà'. Pour ce faire, comme je passe beaucoup de temps à l'observatoire, j'ai installé matelas et duvet pour mes nuits à la belle étoile (et elles sont belles). Comme livre de chevet, j'ai l'indispensable exemplaire dédicacé par l'auteur de 'Splendeurs du ciel profond', volume 5, de Laurent Ferrero. Il est déjà venu à La Canellia et je lui dédicace cette image car ce joli petit amas de galaxies n'est pas dans son livre, mais il aura tout loisir de le rajouter à la prochaine édition. Cet amas est situé dans la constellation de l'Indien près de l'étoile Iota Indi. La plupart des galaxies ont des magnitudes comprises entre 13 et 18 avec des objets au dessus de la magnitude 20. Les distances sont à vérifier mais je crois que cet amas de galaxies est situé à 500 millions d'a-l. Ma connexion internet est trop lente pour me permettre de vérifier sur les bases de données. Si quelqu'un peut me donner la réponse...

La photo résulte du montage de 8x600 secondes en luminance en binning 1.


Le groupe suivant de galaxies est intéressant car il montre les interactions qui existent entre ces univers-îles. Il s'agit du groupe NGC6769, 6770, 6771 dit 'le masque du démon' et qui est situé dans la constellation du Paon. Les deux galaxies collées sont en interaction directe et fusionneront dans quelques millions d'années. Elles sont distantes d'environ 150 millions d'a-l. La galaxie NGC6771 est quand à elle un peu plus éloignée avec une distance estimée de 180 millions d'a-l. Vers le bas, une autre galaxie complète le tableau. Il s'agit de IC4842, une galaxie elliptique de magnitude 13,5. 

La photo résulte du montage de 5x600 secondes en luminance en binning 1.
Je m'essaye ensuite à la célèbre galaxie Centaurus A, NGC 5128. Cette galaxie n'est pas observable sous les latitudes du nord de la France. C'est une des plus spectaculaires du ciel austral et elle sa structure est facilement décelable en visuel dans un petit télescope. C'est une radiogalaxie (elle émet des ondes radio puissantes dues à un trou noir supermassif en son centre) lenticulaire (sa structure est en forme de lentille). Elle est située à 14 million d'années-lumière. On distingue bien la bande de nuages et de poussières qui masque la luminosité de son centre et quelques détails commencent à apparaître. A la prochaine nouvelle Lune, je referai une image plus poussée car la bande centrale présente des extensions bien plus étendues.

La photo résulte du montage de 8x30 secondes en luminance et de 7x30 secondes en RVB en binning 2.

Comment résister au plus bel amas globulaire du ciel, omega du centaure. Il apparaît facilement à l’œil nu comme une étoile de magnitude 3,7 (les plus faibles étoiles m'apparaissent ici jusque la magnitude 6) alors que cet amas est situé à 15 000 a-l. Il comporte plusieurs millions d'étoiles ce qui en fait le plus grand amas de notre galaxie.

La photo résulte du montage de 6x30 secondes en RVB en binning 2.

dimanche 21 juillet 2013

De retour à La Canellia, je retrouve un temps caniculaire pour un hiver austral. Entre 26 et 30°C la journée, et la nuit, les températures ne descendent guère sous les 10°C. Huit jours sans voir le moindre nuage et un ciel uniformément bleu sans la plus petite trace de brume. Les conditions sont idéales pour partir à la découverte du ciel de l'hémisphère sud et l'absence de Lune favorise l'observation du ciel profond. J'en profite pour commencer à photographier quelques objets inaccessible depuis les latitudes du nord de la France. La tâche n'est pas aisée, car la monture du télescope présente des jeux important. C'est une Gemini G41 mais elle a été traficoté par le personnel du magasin Galiléo qui l'a fournie. Certaines vis ne sont pas d'origine et le remontage de la monture ne s'est sans doute pas fait dans les règles de l'art. Alors avec la longue focale du télescope, faire de l'autoguidage s'avère des plus compliqué. Je réussis néanmoins a tenir des poses de 5 à 10 minutes. De plus, le porte oculaire micrométrique est un peu léger pour supporter le poids de la caméra STL11000. Mais je dois avouer que je ne boude pas mon plaisir malgré tout.

Ma première cible est M8, la nébuleuse de la Lagune située dans la constellation du Sagitaire, que j'ai toujours rêvé de photographier.
Cette nébuleuse est immense nuage de gaz d'hydrogène et de poussières de 110 années-lumière (a.l.) de diamètre et située à 5000 a.l. Elle est éclairée par la grosse étoile que l'on voit au centre de l'image qui est une supergéante bleue. Les étoiles au bas de l'image sont issues de cette nébuleuse et sont nées il n'y a 'que' 2 millions d'années de la contraction du nuage de gaz.


Les réglages de l'autoguidage n'était pas encore au point, je me suis donc contenté du suivi de la monture avec des poses de 15 secondes. La photo résulte donc du montage de 20x15 secondes en luminance et de 4x15 secondes en rouge, vert et bleu (RVB) en binning 2 (résolution de la caméra). Cela donne une idée du potentiel du matériel.
Maintenant, direction l'observatoire européen de La Silla. Vincent doit en effet voir un télescope de 60 centimètres récupéré par l'Université de Valparaiso. Je l'accompagne donc pour une visite de cet observatoire mythique. Il faut reconnaître qu'au premier abord, le portail et l'entrée du site font plutôt penser au camping des pins.


S'ensuit une longue montée vers les coupoles que certains astronomes ravagés par de longues nuits d'observation font en courant (une vingtaine de kilomètres avec une pente moyenne à 10%). Enfin, nous arrivons au milieu d'une quinzaine d'observatoires mais le site est étrangement vide. Il faut dire que l'European South Observatory ne finance plus qu'a minima ce site qui paraît assez fantomatique. Les budget sont maintenant consacrés au VLT, à ALMA et au futur E-ELT, le télescope géant de 39 mètres de diamètre. Nous croisons une astronome, deux autres au réfectoire et deux techniciens, c'est tout. Ambiance renforcée par un temps voilé laissant apparaître un superbe halos solaire.


Le télescope de 60 cm est bien campé sur sa monture mais on voit qu'il n'a pas servi depuis longtemps. Les amateurs reconnaîtrons le TSC225 de chez takahashi qui lui est accouplé.
Ce télescope, comme d'autres déménagera bientôt, direction la région de Valparaiso. En effet, un télescope d'un mètre, le Marly, déménage aussi au Burkina Faso.
C'est sa réplique que nous visitons avec Vincent, qui aimerai bien mettre la main dessus pour compléter le dispositif de recherche d'exoplanètes.
Ce télescope n'a pas servi depuis longtemps également mais il est dans un état impeccable et plus d'un astronome amateur se régalerait d'un tel engin.


Sur le site sont encore en activité le NTT de 3,5 mètres et sa coupole aux formes découpée et le télescope de 3,6 mètres et sa coupole démesurée.
Ce télescope est actuellement équipé du fameux spectrographe HARPS le plus performant du monde. Impossible de la prendre en photo depuis le pied de l'observatoire et je suis obligé de descendre la route pour l’appréhender dans son ensemble.

Et au fond du site avec son bâtiment dédié le radiotélescope SIST de 15 mètres aujourd'hui hors service avec la mise en route d'ALMA.


Avant de partir, nous prenons un bon café au restaurant. On sent la différence de culture gastronomique entre Las Campanas et La Silla. Je ne peux m’empêcher (je sais, je n'aurais pas dû le faire) de garder en souvenir le mug estampillé observatoire de La Silla pour accompagner mes nuits d'observation. Mais, bon, quand même, un collector.



vendredi 19 juillet 2013

Passons maintenant à la découverte des installations des deux télescopes de 6,5 mètres, les télescopes Walter Baade et Landon Clay.
Les deux coupoles sont impressionnantes et c'est par la salle de commande que je découvre la démesure de ce qui va suivre. Chaque écran indique l'état général de l'observatoire (coupole, miroirs, télescope, position, instruments, ciel etc...).
Ce n'est pas très différent de l'observatoire de Mont-Bernenchon si ce n'est que tout est 20 fois plus grand. La taille de la caméra CCD Megacam en est un bon exemple (c'est l'appareil photo du télescope).
Mais elle est à la mesure du télescope.
Un miroir de 6,5 mètres de diamètre, c'est grand, très grand et cela dépasse tout ce que j'ai pu voir et imaginer jusqu'à présent.
Pourtant, avec des dimensions industrielles comme celles-ci, on reste en terrain familier, c'est bien un télescope malgré les dimensions hors-normes. Le hangar des instruments est évidemment aux dimensions de la bête, avec la caisse du miroir secondaire au premier plan (2 mètres de diamètre) et les spectro-imageurs et infrarouge au second plan, sans oublier l'indispensable brouette, sans laquelle aucun travail sérieux ne pourrait être accomplis...
Un grand merci aux directeurs pour leur accueil simple et chaleureux et à Vincent pour m'avoir ouvert toutes les portes et permis de prendre toutes ces photos.

jeudi 18 juillet 2013

L'observatoire de Las Campanas et l'observatoire de La Silla se font face à quelques kilomètres le long de la Ruta 5 (la panaméricaine qui longue toute la cote chilienne) dans le désert d'Atacama.

La vue de l'observatoire européen de la Silla est impressionnante avec son alignement de coupoles au sommet du Cerro.
L'observatoire de Las Campanas quand à lui, appartient à la fondation Carnegie et comporte principalement le télescope de 1 mètre Henrietta Swope, le télescope de 1,3 mètres de l'Université de varsovie, le Télescope de 2,5 mètres Irénée du Pont et enfin les deux télescopes Magellan de 6,5 mètres. D'autres équipements sont égalements installés sur place et c'est sur ce site que sera installé en 2020 le Giant Magellan Telescope de 24 mètres de diamètre (en 7 miroirs). Les débuts de cet observatoire remontent à l'année de ma naissance.

Mais allons voir tout cela de près.

Le télescope de 1 mètre est le premier à avoir été installé à Las Campanas en 1971.
C'est une pièce vénérable ou se côtoient les technologies datant de sa construction avec des ordinateurs d'aujourd'hui. Le tout donnant une impression très steampunk.
Il sert à la détection d'exoplanètes principalement, même s'il est sous utilisé aujourd'hui.

Le télescope de 2,5 mètres est lui utilisé à plein régime. Construit en 1977, c'est un Cassegrain de 20 mètres de focale. Le pupitre de commande est en affichage rouge très 'E.T. téléphone maison'.
La coupole est superbe et l'instrument vraiment très impressionnant.
Moi qui n'avait jusqu'à présent que passé la nuit auprès du 1m50 de l'Observatoire de Haute Provence, les dimensions commencent à donner le tournis.

Ce petit bâtiment blanc avec l'antenne devant est le radiotélescope qui a servi à la découverte SN1987a, la supernova qui a explosé dans le Grand Nuage de Magellan.
Le radiotélescope ne paye pas de mine mais la découverte est historique puisque c'est la plus proche supernova observée depuis qu'il existe des instruments d'observation. Oscar Duhalde est le premier à l'avoir vu à l'oeil nu alors qu'il faisait une pause pour faire du café lors d'une observation au télescope d'un mètre.


Avant de passer au plat de résistance, voici l'installation dont s'occupe Vincent. Petite explication. Il s'agit d'un dispositif automatisé de détection d'exoplanètes par transit.
Il est constitué de deux montures sur lesquelles sont installés 4 télescopes Epsilon 180 de chez Takahashi couplés à des caméras ccd apogée.

Le tout couvre une surface équivalente à 8 pleine lunes et un dispositif identique est installé en Namibie et en Australie pour avoir une surveillance 24h/24h de la même région du ciel. Les cibles potentielles sont ensuite vérifiées avec des instruments plus conséquent.

Lundi, départ pour La Séréna. Attention station balnéaire 'mas caliente'. C'est une ville de taille moyenne très mignonne avec un centre historique tout à fait charmant. Bon, comme beaucoup de villes européennes, il vaut mieux arriver les yeux fermés pour éviter les centres commerciaux géants qui encadrent la ville. Mais le bord de mer n'est pas trop bétonné et on y trouve quantité de petits resto sympa avec spécialités locales (je conseille le gratin béchamel au crabe, qui porte un nom dont on me rappellera l'origine...) et toujours la petite boletas à la fin( c'est le ticket de caisse que l'on vous remet partout, même chez les vendeurs ambulant qui est toujours coloré et sert en même temps de carte de visite).
Vincent a réservé un hôtel très sympa à l'ambiance festive et familiale, ce qui m'a permis de faire connaissance avec un groupe d'étudiants en agronomie, qui à minuit étudiaient encore les vertus de certaines plantes et distillats.
Mais debout de bonne heure, direction Las Campanas.
Alors, les astronomes amateurs qui suivent ce blog, asseyez vous avant de continuer, il y a du lourd qui arrive, du très lourd...


Youri, Cody et Vincent sont venus me rejoindre. Youri est un astronome russe travaillant à Las Campanas. Il est venu à La Canellia visiter le site et je vais réaliser des mesures de qualité de ciel pour lui. Sa particularité, une attirance particulière pour les Allemandes blondes à cheval... et lauréat à plusieurs reprises d'APOD (Astronomy Picture Of the Day, sur le site web de la NASA). Cody est canadien. Il étudie l'astronomie et la philosophie à Princetown au USA et à décroché une bourse pour faire de l'astrophotographie au Chili. Il est venu lui aussi visiter La Canellia et reviens début août pour qu'on fasse de la photo ensemble. Sa particularité, il ne parle pas français avec l'accent canadien donc pas moyen de se moquer. Enfin, il reste Céline Dion... Quand à Vincent, ingénieur astronome à l'université catholique de Santiago, je lui réalise aussi quelques mesures.
On en a profité pour se faire un bon repas chinois (sauté de dinde au caramel et sauce soja) et une petite ballade dans les alentours afin de repérer les sites les plus intéressant à exploiter. J'aurais l'occasion de revoir Youri à la cantine de l'observatoire de Las Campanas et vous de découvrir ses photos sur : http://500px.com/ybeletsky
 Aujoud'hui je descends me ravitailler à Pichasca, le gros village après El Romeral sur la route d'Ovalle, la ville. De la Canellia, après avoir franchi une petite montagne on aperçoit d'ailleurs en contrebas le village de El Romeral.


La route est sinueuse et escarpée mais on s'y habitue, ainsi que le franchissement du petit pont de bois (Alcool 0 au volant au Chili, on comprends pourquoi).
La région est habitée depuis très longtemps, puisqu'on y trouve des traces de dinosaures ainsi que des pétroglyphes très anciens au pied de l'ancien volcan de Rio Hurtado à une vingtaine de kilomètres de la Canellia.

Trois semaines de panne internet . Et de silence blog. Ici dans cet oasis qu'est La Canellia, l'internet est du Wi-Fi longue distance assuré par 4 antennes. Suite au mauvais temps relatif, une des antennes à grillée. Je viens récupérer la connexion mais avec 3 antenne seulement et c'est forcément plus long, mais c'est mieux que rien. Enfin, je vais pouvoir continuer de vous relater mes aventures chilienne. Je parle d'oasis à La Canellia car malgré un temps qu'un homme du Nord qualifierai de caniculaire (30°C et 20% d'humidité, et c'est l'hiver....), trois sources alimentent le coin et paradoxalement, l'eau est ce qui manque le moins ici. C'est pourquoi l'on trouve nombre d'oiseaux, de petits animaux et une végétation qui bourgeonne et fleurit déjà. Pour les ornithologues en herbe, je livre quelques spécimens à plumes dont vous reconnaîtrez aisément les espèces : le concours est ouvert !